Notre groupe Dialogue et Liberté a trouvé très intéressante la proposition de l'évêché de réfléchir sur le questionnaire posé à propos de l'enquête lancée par le pape François en vue de la préparation du synode sur la famille qui doit se tenir à l'automne 2014. Il a travaillé courant décembre 2013 en sous-groupes, puis s’est réuni en janvier 2014, en réunion plénière, pour apporter sa contribution au questionnaire préparatoire du synode sur la famille.
Si vous souhaitez consulter l'intégralité du questionnaire, vous pouvez visiter ce lien
Voici ci-dessous nos réponses aux questions que nous avons retenues, telles que nous les avons adressées au service de la pastorale familiale du diocèse de Bordeaux.
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NB : Les questions que nous avons sélectionnées sont reproduites ci-dessous en couleur brune, et nos réponses sont présentées en vert .
En avant-propos, le groupe ‘Dialogue et Liberté’ est
heureux de pouvoir répondre à un tel
questionnaire. Cette initiative nous paraît très positive. Cependant nous
sommes déroutés par le langage employé, difficile à comprendre par la majorité des baptisés.
2. Sur le mariage selon la
loi naturelle
Il ne nous semble pas
qu’à l’époque actuelle les couples
se posent la question de la conjugalité sous l’angle de la loi naturelle. Ce
n’est ni un sujet de préoccupation, ni un centre d’intérêt ; donc pas de
contestation pour un concept qui n’a
pas d’écho dans notre société.
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3. La pastorale de la famille
dans le contexte de l’évangélisation
f) Quelle
attention pastorale l’Église a-t-elle montré pour soutenir le cheminement des
couples en formation et des couples en crise ?
Il y a beaucoup de
propositions qui sont nées de l’initiative de chrétiens, tant pour la préparation que pour
l’accompagnement en situations de crise, et cette diversité est bonne.... et à encourager. Il existe aussi beaucoup de
propositions dans les paroisses.
Il faut noter l’intérêt de
l’initiative de catholiques qui accompagnent la préparation et la célébration
de mariages civils Les maires sont de plus en plus attentifs à la qualité de
ces mariages civils.
On note que les personnes en
difficulté se sont senties aidées et accompagnées par des prêtres dans les
paroisses mais elles affirment toutes, en même temps, que le discours de
l’Eglise hiérarchique les rebute.
Il faudrait faciliter une présence aux couples en crise.
Faudrait-il créer des services d’écoute
pour les « couples en crise », à la manière
des équipes d’accompagnement des familles en deuil ? (après formation
indispensable).
Pourquoi interdire à des couples
remariés après divorce de participer aux équipes de préparation au mariage ?
Ils ont pourtant une expérience riche
à apporter. Certes il ne faut pas qu’ils soient les seuls dans la préparation !
Nous constatons que beaucoup de
jeunes à la marge sur le plan de la foi (ce sont ceux que le Pape François veut
rencontrer à la périphérie) souhaitent une « belle cérémonie » pour fêter leur
union, mais pas forcément un sacrement.
Pourrait-on leur proposer une fête et un cheminement catéchuménal comme pour le baptême des adultes ? Ce chemin
pourrait aboutir éventuellement au
sacrement de mariage. Le mariage c’est la base de la solidarité humaine : les
crises de l’emploi notamment sont souvent prises en charge, de fait, par la solidarité familiale.
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4. Sur la pastorale pour
affronter certaines situations matrimoniales difficiles
a)
Le
concubinage ad experimentum est-il une réalité pastorale importante dans votre
Église particulière ? À quel pourcentage pourrait-on l’estimer numériquement ?
b)
Existe-t-il
des unions libres, sans reconnaissance aucune, ni religieuse ni civile ?
Y-a-t-il des données statistiques sûres ?
Proposer l’Évangile sur la famille s’avère plus que jamais
urgent et nécessaire. L’importance du thème se manifeste par le fait que le
Saint-Père ait décidé d’établir pour le Synode des Évêques un itinéraire de
travail en deux étapes: la première, l’Assemblée Générale Extraordinaire de
2014, visant à préciser le “status quaestionis” et à recueillir les témoignages
et les propositions des Évêques pour annoncer et vivre de manière crédible
l’Évangile de la famille ; la seconde, l’Assemblée Générale Ordinaire de 2015,
pour chercher des lignes d’action pour la pastorale de la personne humaine et
de la famille.
Le concubinage est la pratique courante dans notre société
actuelle. Parfois il est définitif (avec ou sans Pacs) et semble en
progression. Le pourcentage doit en être connu de l'Insee. Parfois il est temporaire
mais de durée variable pour plus de 95% des couples avant mariage civil et
religieux.
c)
Les séparés et les divorcés remariés sont-ils une réalité pastorale importante
dans votre Église particulière ?
À
quel pourcentage pourrait-on l’estimer numériquement ? Comment affronter cette
réalité au moyen de programmes pastoraux adaptés ?
d)
Dans tous ces cas, comment les baptisés vivent-ils leur situation irrégulière ?
Ils en sont conscients ? Manifestent-ils simplement de l’indifférence ? Se
sentent-ils écartés et vivent-ils avec souffrance l’impossibilité de recevoir
les sacrements ?
e)
Quelles sont les demandes que les personnes divorcées et remariées adressent à
l’Église à propos des sacrements de l’Eucharistie et de la réconciliation ?
Parmi les personnes qui se trouvent dans ces situations, combien demandent ces
sacrements ?
Les divorces, fréquents après
mariage civil (47% des cas) sont aussi
une réalité importante après mariage religieux
(plus de 35 à 40%), suivis de remariage dans 2/3 des cas.
Notre groupe relève que ce n'est
pas le Christ qui a institué le mariage mais l'Eglise (IXème siècle). Pourquoi
stigmatiser des situations par une « pastorale particulière » ? L'Eglise devrait,
non « catégoriser» mais
accueillir des personnes
dans leur singularité. La
vocation de l'Eglise est « universelle ». Les personnes connaissant ou ayant
connu des difficultés ne sont-elles pas avant tout des hommes et des femmes «
en chemin » comme chacune et chacun ? Pour celles (les plus rares) qui persistent
dans une pratique religieuse, la plupart ressentent non seulement une
souffrance mais aussi et surtout une incompréhension des « règlements de
l'Eglise » (refus de sacrements), sentiment partagé par bien des croyants
et incroyants de leurs entourages.
f)
La simplification de la pratique canonique pour la reconnaissance de la
déclaration de nullité du lien matrimonial pourrait-elle offrir une réelle
contribution positive à la solution des problèmes des personnes concernées? Si
oui, sous quelles formes?
g)
Existe-t-il une pastorale spécifique pour traiter ces cas ? Comment cette
activité pastorale se déroule-t-elle ? Existent-ils des programmes à ce propos
au niveau diocésain et national ? Comment la miséricorde de Dieu est-elle
annoncée aux personnes séparées et aux divorcés remariés ; comment le soutien
de l’Église dans leur cheminement de foi est-il mis en acte ?
Les reconnaissances en nullité de
mariage nous semblent un comble d’hypocrisie dans bien des cas !
Une « simplification canonique » ne résoudra rien, tant
pour le couple que pour les enfants et l'entourage. Pourquoi déclarer invalide
un mariage qui a existé (même dans sa dimension spirituelle) au risque de
blesser les personnes (époux et enfants) ? Ce qui est à annuler c’est la
sacramentalité ; comment pourrait-on « annuler » la vie de ce
couple en ses premières années ? Qu’on dise que le mariage n’était pas
sacramentel OUI ! qu’on dise que ce qui s’est vécu,
c’était « nul » NON !
Jésus a accueilli tout le monde.
Pourquoi une pastorale particulière et stigmatisante ? L’Eglise déploie une
grande énergie à tenter de résoudre les problèmes qu’elle a créés
elle-même : sacralisation
rapide des mariages
religieux et refus
obstiné de réconciliations.
Lorsqu'on parle de miséricorde il faut se souvenir que la miséricorde de Dieu
passe par la bonté des personnes (et donc de nous tous,
membres de l'Eglise).
L’Eglise orthodoxe a une pratique différente de la nôtre. Nous
aurions probablement à entendre ce qu’elle peut nous dire à ce sujet.
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5. Sur les unions de personnes
du même sexe
a : Existe-t-il dans votre pays une
loi civile qui reconnaisse aux unions de personnes du même sexe une quelconque
équivalence au mariage ?
Une loi a été votée en France sur
le mariage civil
b : Quel est le comportement des
Églises particulières et locales tant envers l’État promoteur d’unions civiles
entre personnes du même sexe, qu’envers les personnes impliquées dans ce type
d’union ?
L'Eglise (cf. articles du
catéchisme) est opposée à l'union homosexuelle. Elle dit que Dieu réprouve
l'homosexualité mais Dieu n'est-il pas trop souvent le « refuge de l'ignorance
»? Toutefois des baptisés, prêtres et laïcs,
accueillent positivement les personnes et les couples homosexuels.
c : Quel est le comportement des
Églises particulières et locales tant envers l’État promoteur d’unions civiles
entre personnes du même sexe, qu’envers les personnes impliquées dans ce type
d’union ?
Ne pourrait-on envisager un
accueil et une bénédiction qui soit leur adaptée ?
d : En cas d’unions entre personnes
du même sexe qui aient adopté des enfants quel comportement pastoral tenir en
vue de la transmission de la foi ?
Cette question nous a paru «
inadmissible ». Les enfants doivent être
accueillis
(catéchèse et sacrements) sans stigmatisation, quelle que soit leur situation familiale.
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7. Sur l’ouverture des époux à
la vie.
Il conviendrait de parler, non pas
de paternité, mais de parentalité responsable…
La doctrine morale de
Humanae Vitae n’est
pas acceptée par
la plupart des chrétiens, y compris pratiquants ;
beaucoup ont quitté l’Eglise à cause d’elle. Les plus jeunes ne la connaissent
pas !
Il nous semble que l’Eglise doive
prôner la qualité de l’amour entre deux êtres et appeler à un idéal de vie, et
non pas faire une évaluation morale des méthodes de régulation des naissances.
Chaque couple est un cas
particulier et doit en conscience adopter celle qui convient le mieux pour l’accomplissement de sa relation.
Les modes de vie contemporains
rendent difficiles l’observance des méthodes dites naturelles et l’éducation civile
ne les retient pas comme fiables.
Il faut promouvoir une
mentalité ouverte envers la natalité sans
favoriser systématiquement la croissance des naissances, du moins au
niveau mondial.
Des chrétiens s’éloignent de
l’Eglise à cause de sa position sur l’assistance médicale à la procréation, pour d’autres
qui recourent à ces méthodes
c’est un surcroît d’angoisse et de souffrance.
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8. Sur le rapport entre la
famille et la personne
c)
Quelles
situations critiques de la famille dans le monde d’aujourd’hui peuvent-elles
devenir un obstacle à la rencontre de la personne avec le Christ ?
Il y a des paroles de l’Eglise sur des situations familiales qui sont insupportables : par ex,
la condamnation, encore aujourd’hui, de
la contraception. Le sensus
fidei n’a pas été respecté sur cette question. Beaucoup de déclarations de l’Eglise
sur la sexualité sont irrecevables par les familles.
La condamnation des homosexuels
par des responsables d’Eglise éloigne du Christ les familles dans lesquelles
ils vivent.
Les discours intransigeants ne tiennent pas compte de la
personne dans sa situation et l’éloignent souvent du Christ
et de l’Eglise, au lieu d’annoncer la miséricorde. La maladie et la mort sont
des situations qui peuvent entraîner des réactions de révolte, situations
auxquelles les communautés ecclésiales doivent être particulièrement
attentives.
Les familles qui ont un enfant handicapé peuvent, du fait de cette souffrance, s’éloigner du Christ.
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9. Autres défis et propositions
La célébration des obsèques est un
lieu et un moment privilégiés pour accueillir la diversité des situations
familiales avec leurs ratés et leurs échecs et pour y dire l’amour de Dieu ;
Des réalités qui se posent aux
familles ne sont pas évoquées par ce questionnaire (par ex les familles
recomposées, les familles monoparentales...)
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mis en ligne le 7 février 2014, par Jean Derouault
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