samedi 12 décembre 2015

"N'ayons pas peur"

 

Publication d'un triptyque sur l'accueil des migrants


Pourquoi ce document ? (Des indications pour se le procurer figurent à la fin de cet article.)

L'actualité du début de cet automne nous a incités , dans le groupe Dialogue et Liberté, à réfléchir sur les questions posées par l'arrivée en Europe et en France de nombreux  migrants , qu'ils soient candidats au statut de réfugiés ou migrants économiques. Les attentats du 13 novembre nous ont surpris en pleine élaboration du document ci-dessous portant sur l'accueil des migrants en France et qui, malgré tout, conserve à nos yeux toute sa pertinence. 
Ce document (les six pages en encadré), diffusé en divers points de Bordeaux et environs, peut susciter des interrogations.
Cet article propose des commentaires et des liens en complément du document proprement dit afin d'aider à comprendre notre démarche.

Mais, à propos, qu'appelle-t-on un "immigré"
     

    Selon la définition adoptée par le Haut Conseil à l'Intégration -en 1991-  et reprise par l'I.N.S.E.E.,  un immigré est  «une personne née étrangère  à l'étranger  et  résidant en France».
    Étant bien précisé qu'un immigré devenu Français par naturalisation n'est plus un étranger, mais continue d'appartenir à la population immigrée,  avec les immigrés restés étrangers.
    Et que les enfants nés en France d'immigrés et choisissant la nationalité française à leur majorité,  ne sont pas des étrangers et ne font pas partie de la population immigrée

voir aussi à ce propos le site de l'Organisation Internationale pour les Migrations (OIM):

le glossaire complet étant disponible ICI

L'article d'entretien sur   Migrant, réfugié: quelles différences? avec Catherine Wihtol de Wenden, politologue spécialiste de la migration, publié sur le site "CNRS-Le Journal" le 22 septembre 2015 apporte des précisions sur le droit de migrer.


DOCUMENT TRIPTYQUE DE «DIALOGUE ET LIBERTÉ»

volet 1




les flèches sur la carte ci-dessus évoquent le bilan de l'INSEE publié récemment
(années 2006 à 2013)
dans lequel il apparaît que, jusqu'aux évènements de ces deux dernières années ,
les flux migratoires entrants et sortants tendent à s'équilibrer.

Nous y voyons

l'appel à la fraternité inscrit dans la déclaration universelle des droits de l'homme



et un appel à la raison;
 
En effet, les chiffres de l'I.N.S.E.E. apportent des éléments de réponse à la question:
 
«Combien d'immigrés en France?»

- En flux annuels d'immigrés:
Nb./An        2006        2013
Entrées    193.000    235.000
Sorties    -29.000    -95.000
Soldes    164.000    140.000

    - Des flux de cet ordre expliquent une population immigrée,  au 01-01-2014,  de 5,9 millions de personnes,  représentant  8,9 %  de la population totale résidant en France.

[Source: Étude INSEE «L’analyse des flux migratoires entre la France et l’étranger entre 2006 et 2013», parue dans "Insee Analyses" N° 22 - octobre 2015]


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 volet 2


La France ,fière d'être qualifiée "terre d'asile" , prend-elle fidèlement sa part de la misère portée par les migrants?
Réponses mitigées selon ces études de l'OCDE

étude 2012 de l'OCDE sur des "indicateurs de l'intégration des immigrés" - fiche concernant la France
volet 3



l'immigration en France n'est pas un phénomène nouveau;
l'expérience passée a montré qu'elle peut être bénéfique pour notre pays

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volet 4


les religions du livre et l'accueil de l’Étranger

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 volet  5


réflexions ou questionnements dans la vie de tous les jours

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volet 6



 comment joindre les associations et organismes cités
                                déplacer le curseur du bas de  l'écran de gauche à droite pour lire toutes les informations






Nom de l'association adresse téléphone mail ou site WEB missions compétences





ASTI
10 rue Causserouge 33000 BORDEAUX
05 56 92 65 98 astibordeaux@gmail.com
Banque Alimentaire de Bordeaux ZI Alfred Daney Rue Bougainville 33300 Bordeaux 05 56 43 10 63 philippe.idiartegaray@banquealimentaire33.org
jfr.belliard@banquealimentaire33.org
Lutte contre le gaspillage - Distribution alimentaire -Favoriser l'insertion des publics par le bénévolat et le travail en partenariat (pôle emploi et missions locales) :
 complément alimentaire si nécessaire, accueil pour l'insertion et la remise au travail.
CCFD Terre Solidaire 64 rue de Dijon 33100 Bordeaux 05 56 96 69 83 ccfd33@ccfd-terresolidaire.org Lutte contre les causes structurelles de la faim dans le monde ici et là bas : collecte de fonds et mobilisation du réseau (documents et logistique)
CIMADE 32 rue du Commandant Arnould 33000 Bordeaux 05 56 44 96 10 bordeaux@lacimade.org aide juridique et administrative pour les migrants (demandeurs d'asile et autre): permanences et interventions au CRA
Collectif pour l'égalité des droits Maison des associations 11 rue du 8 mai 1945 33350 Cenon 06 75 39 18 79 collectif.egalite@free.fr Permanence d'accueil : accompagnement dans les démarches, orientations, dans la vie quotidienne.
COS-PADA 74 rue Georges Bonnac Tour 6 Etage 1 33000 Bordeaux 05 57 81 25 90 pada@cos-asso.org
Diaconat de Bordeaux  32 Rue du Commandant Arnoult 33000 Bordeaux 05 56 44 76 17 contact@diaconatbordeaux.fr Aide sociale générale et hébergement (temporaire, CHRS, sous-location) - recherche de logements et accompagnement des familles
Foyer Fraternel Bordeaux 23 rue Gouffrand - 33300 Bordeaux 05 57 87 13 92 http://www.centresocial-foyerfraternel.fr/
France Terre d'asile Résidence Maurice Thorez Bâtiment D11 33130 BEGLES 05 57 59 10 66 http://www.france-terre-asile.org/accueil/etablissement/cada-de-begles
Médecin du Monde 2 r Charlevoix de Villers, 33300 BORDEAUX 05 56 79 13 82 http://www.medecinsdumonde.fr/ Prévention Santé - FLE
Pain de l'amitié 43 rue Saint Nicolas 33800 Bordeaux 06 07 84 35 59 paindelamitie33@gmail.com restaurant pour personnes à la rue et épicerie sociale (solidaire)
Pastorale des Migrants 21 rue Costedoat 33000 Bordeaux 06 01 72 79 74 patrice.vincey@yahoo.fr accueil des migrants et pastorale de communion
Réseau Éducation Sans Frontières RESF 33 - Bourse du Travail 44 Cours Aristide Briand 33075 Bordeaux cedex resf33@laposte.net http://resf33.free.fr/spip.php?rubrique3
Restos du cœur rue Robert Mathieu 33520 Bruges 05 56 43 89 88 http://www.restosducoeur33.org/
Secours Catholique 12 rue Thalès 33700 Mérignac 05 56 98 35 29 migrants.330@secours-catholique.org accompagnement des personnes en difficulté
Secours populaire Français en Gironde 95 Quai de Paludate 33800 BORDEAUX 05 56 92 79 92 contact@spf33.org
Société de Saint Vincent de Paul 26 rue du Commandant Arnould 33000 Bordeaux 05 56 48 22 07 ssvpbx@orange.fr aides à la personne en difficulté: alimentaire, vestiaire, activité autour du meuble, domiciliation (pour personnes en situation régulière)
Welcome Bordeaux
06 88 50 26 85 welcome.bordeaux@gmail.com accueil temporaire des demandeurs d'asile n'ayant pas de place en CADA et des réfugiés - personnes seules ou couple sans enfants









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Si ce document vous a intéressé, vous pouvez adresser un courriel à cette adressedl33@laposte.net
et nous demander le fichier PDF permettant l'impression des 6 volets sur une feuille A4 recto verso (pliage en trois)
et/ou  le fichier PDF d'un diaporama des 6 pages permettant, par exemple, de servir de support à une réunion de réflexion





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                                                                                                                                                                                                                                                     mise en ligne effectuée par Jean Derouault
 cliquez sur "plus d'infos" pour afficher une liste (non exhaustive) de liens qui apportent divers éclairages sur ces questions


lundi 9 mars 2015

Réponse de D/L à quelques points du questionnaire « SYNODE 2 » sur la famille


Le groupe bordelais  Dialogue et Liberté  a pris connaissance des conclusions du Synode 1 sur la famille et du questionnaire préparatoire  au Synode 2.
Il y a réfléchi durant plusieurs semaines de façon approfondie (travail en 4 sous-groupes, échanges fréquents par internet , 2 réunions générales du groupe, de 2h chaque fois etc. …,).
Nous disons tout d’abord notre déception de ne voir donnée nulle part, ni depuis le Vatican, ni depuis le diocèse ,  une indication significative des réponses des catholiques aux questions posées lors du synode 1 (pastorale, accompagnement, homosexualité, remariages après divorces etc.)
            Certes, les conclusions provenant du Synode 1 comportent des idées et/ou des suggestions intéressantes mais le plus souvent exprimées en termes quasiment « définitifs ».


            Notre groupe, comme bien d’autres, a l’impression qu’il est seulement demandé aux catholiques des suggestions pour mettre en œuvre ce qui a DÉJÀ été décidé, sans remise en cause des affirmations et des habitudes.
            Or toute pastorale qui ne partira pas des réalités contemporaines est vouée à l’échec.
            Notre position « globale » est en effet qu’on ne peut pas parler d’accompagnement lorsqu’on impose d’emblée une vision canonique du mariage (préparation, sacrement, etc..).
            Dieu est Amour, Dieu accompagne tout Amour. C’est à partir de cette certitude que l’Église doit renouveler tous ses efforts (Déclarations et pastorale)
Voici ci-dessous les réflexions à propos des points qui nous ont particulièrement interpellés

NB- le texte complet des lineamenta du Synode I et des questions préparatoires au Synode II peut être obtenu ici : télécharger le fichier PDF     à partir du site du diocèse de Bordeaux

lineamenta n° 51 à 53 ; questions 37-38

Remariés après divorce : une situation d’exclus ?

La réflexion qui nous est proposée porte sur le travail du magistère et non sur le vécu et l’attente des personnes, et des chrétiens d’aujourd’hui.
Nous croyons à l’indissolubilité de l’amour de Dieu et à sa miséricorde sans limite.
Ce point nous semble être la base de toute réflexion pastorale. Quand on parle d’amour ou de désamour, on ne parle pas de règles juridiques.
Est-ce que le sacrement touche à la question du droit et du pouvoir, ou à la question de la foi, de l’Évangile et du lien ?
Une doctrine vraie peut être en contradiction avec les pratiques dominantes mais elle ne peut nier la réalité des personnes.  Sinon elle est inaudible, et s’expose   à être rejetée par ceux à qui elle est destinée.

lineamenta n° 57-59 ; questions n° 41-44

Et l’interdiction de la pilule ?  :          Les laïcs ont choisi de passer outre !

La qualité de l'amour entre époux est plus importante que la méthode de régulation des naissances choisie. C'est le but qui compte et non le moyen, en vue d'une pater-maternité responsable et harmonieuse.
Comment peut-on imaginer une injonction de Dieu ou de Jésus à choisir entre une bandelette pour analyse de la glaire cervicale et la prise d’un contraceptif ?
Sans compter que les méthodes dites naturelles ne sont pas validées par la quasi totalité des scientifiques car elles ne sont ni pratiques, ni facilement applicables.

Questions 41-44

Il est scandaleux de lier générosité et nombre d’enfants !

Avant d’alerter sur le risque futur de dénatalité, il faut prendre en compte aujourd’hui le surpeuplement de certaines contrées pauvres.  La régulation des naissances doit être encouragée vigoureusement dans l’intérêt des parents et des enfants, donc du bonheur familial.

Question n° 44 

Aucune femme n’avorte de gaîté de cœur !

Parler de plaie est stigmatisant pour les hommes et les femmes qui décident  d’un avortement.
Dans certaines situations, l'avortement apparaît comme la solution la moins mauvaise, même si elle est toujours regrettable.


Lineamena n° 36 & 39, questions 28 & 29

De la préparation au mariage : le § 39 du lineamenta : un risque d'embrigadement ?

Qu’on le regrette ou non, nos contemporains ne se retrouvent pas dans une préparation au mariage posée du seul du point de vue de la norme ou de l’idéal. Leur vie de foi se développe non  à partir de l’exposition des dogmes mais à partir de rencontres humaines avec des chrétiens témoignant de ce que l’Évangile vient éclairer. Les futurs époux ont toute leur vie pour découvrir toutes les dimensions du mariage chrétien. Il n’est donc pas nécessaire de leur asséner toute la réflexion de l’Eglise quand ils se présentent à elle.
D’ailleurs - et c’est une chance - les équipes de préparation au mariage savent proposer un cheminement qui peut ouvrir sur la rencontre du Christ.

questions 45 & 46

Osons l’ouverture : diffusons les bonnes pratiques

Il existe déjà différentes pratiques :
- catéchèse pour tous
- matinées communes enfants et parents ensemble- (ex. pratiques du secteur pastoral Bruges Le Bouscat Diocèse de Bordeaux)
- première  annonce de la foi  proposition du B’Abba par le diocèse de Poitiers et repris ailleurs)
- Une diffusion de ces pratiques pourrait permettre aux  équipes d’évangélisation d’avoir des moyens pour adapter les meilleures réponses possibles aux demandes des personnes

mise en ligne par J.Derouault

vendredi 30 janvier 2015

Lettre adressée à Monsieur Tareq Oubrou, recteur de la grande mosquée de Bordeaux



Monsieur Tareq Oubrou

Monsieur le recteur,
Après l’attentat et la prise d’otages contre la liberté d’expression et la prise d’otages raciste contre des français de confession juive, nous tenons à vous faire part de notre refus de l’amalgame. Nous savons que la majorité des français musulmans refuse la violence et souhaite participer activement à la construction de la démocratie dans notre pays. Les auteurs des tueries que nous venons de subir ne représentent pas l’Islam.
Comme  vous, nous avons  exprimé notre colère et notre dégoût. Nous, catholiques de Gironde réunis dans le groupe Dialogue et Liberté, voulons vous dire que nous sommes à vos côtés,  comme nous sommes aux côtés du Cardinal J.P. Ricard, pour refuser ce qui divise et oppose les citoyens en jouant sur des peurs irrationnelles et des représentations erronées des religions.
Nous sommes attachés à la laïcité qui garantit dans notre pays la liberté religieuse. Nous défendons le droit à l’humour même quand il nous  dérange ! car l’humour ne tue pas ! Nous souhaitons  que les français de confession musulmane, grâce au principe de laïcité, trouvent leur juste place dans  notre pays, comme les communautés juives et chrétiennes.
Nous  connaissons et soutenons les efforts du  délégué diocésain pour la rencontre avec l’islam.
Dans ce travail le groupe Dialogue et Liberté, vous  souhaite autant de détermination que de réussite. 

Le groupe Dialogue et Liberté,
http://dialogue-liberte.blogspot.fr/

 mise en ligne le 30 janvier 2015 par J. Derouault 

mercredi 21 janvier 2015

Application de la loi Leonetti : état actuel et évolution souhaitable



Membres du groupe Dialogue et Liberté  nous avons réfléchi, lu, visionné des enquêtes, entendu des témoignages, échangé entre nous au cours de plusieurs réunions, à propos de la Loi Leonetti  et de ses éventuelles modifications à venir. Quatre points ont particulièrement retenu notre attention.

L'adéquation de la loi :

Unanimement, nous  déclarons que la Loi actuelle nous convient globalement.

Nous apprécions avant tout que le but de la loi soit d’éviter tout acharnement thérapeutique en fin de vie et donc d’éviter des souffrances inutiles.

Les autres éléments positifs sont, d’une part le respect de la volonté du malade (et/ou de ses directives anticipées), d'autre part le dialogue avec l’entourage (et/ou la personne de confiance) , et enfin la concertation collégiale des soignants avant la décision qui doit rester médicale.

 Le but des soins palliatifs étant de soulager le malade et d’éviter la douleur, une sédation profonde est parfois nécessaire, sans que, pour autant, elle soit qualifiable de terminale, étant donné qu’elle pourrait être modifiable (donc réversible) en cas d’amélioration du sujet.

De telles situations sont à apprécier « au cas par cas » et ne pourront pas dépendre de textes législatifs nouveaux.

Ainsi  nous souhaitons que le traitement sédatif corresponde aux soins nécessaires même s’il a pour conséquence secondaire un risque de réduction du temps de vie, mais nous sommes opposés au qualificatif de terminale relatif à la sédation et à plus forte raison à celui de « suicide assisté ».



La place de la mort dans la société contemporaine

Nos échanges sur nos expériences personnelles et les cas relatés par les media montrent cependant que cette loi est insuffisamment appliquée, en grande partie à cause de la méconnaissance que beaucoup en ont. L'une des causes de cette méconnaissance semble être que la société actuelle refuse de donner sa place à la mort.

            La mort est une composante inéluctable de la vie. Il est regrettable que la société contemporaine occidentale occulte cette réalité : on la cache , on considère que c'est un échec.           

On constate que l'on ne se préoccupe de la mort que lorsqu'on est concerné soi-même ou par un proche.

            Pourtant, se préparer, notamment en rédigeant des directives anticipées et en désignant une personne de confiance, pourrait contribuer à vivre son approche de façon plus sereine en maintenant une bonne qualité relationnelle avec l'entourage et le personnel soignant.



La Loi  Léonetti  en tant que Chrétiens.

La position de L’Église :

       -Pas d’acharnement thérapeutique, mais soulager les souffrances quitte à diminuer la longueur de vie.

        -Le Christ a eu sa mort imposée. Il en a fait un don. Il ne savait pas, il s’en remet à son Père.

       -Par le Christ nous savons ; les apôtres ont vu le Christ mort et trois jours après il s’est manifesté vivant au milieu d’eux.

Pour nous mêmes:

Quand nous arriverons à cette expérience finale, où l’on ne peut parfois que penser et prier, que le soulagement apporté par des soins palliatifs appliqués selon la philosophie de la loi Leonetti, nous permette une fin moins angoissée et plus sereine.


Des pistes d'action concernant le projet de réforme de la loi Leonetti

Quelques fondements

            Pendant la fin de vie -prématurité, néo-natalité, accident, maladie, vieillesse-...  le mourant est toujours un vivant!

            L'importance de la parole est primordiale.

            Ce qui compte, c'est la personne, c'est à dire un être relationnel - avec les autres  et, pour les croyants, avec Dieu-.

            Écouter, accompagner, soulager,  c'est reconnaître et promouvoir la dignité de la personne. Tandis que s'engager sur la voie de mort, pour motif de compassion, ne laisse plus de place pour l'écoute, ni l'évolution de la personne.
            Ce qui est très important, c'est tout ce qui se passe avant la phase terminale : la fin de vie, la préparation à la mort, et donc l'accompagnement.  Par les proches et par les personnels de santé.

            Ne faudrait-il pas que les médecins, à commencer par le médecin traitant, abordent les questions de la fin de vie directement,  et non pas en sous-entendu dans des situations graves,  même si tout se finit bien?



Des propositions:

            L'accompagnement par la parole et l'écoute nécessite une formation qui devrait être dispensée davantage auprès des étudiants en médecine,  auprès des personnels soignants et auxiliaires des services hospitaliers, des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), des maisons de retraites, mais aussi facilitée pour toute personne volontaire qui le souhaiterait.

            Il conviendrait que les instances publiques, représentatives et associatives fassent davantage connaître la législation sur la fin de vie, et les pratiques d'accompagnement:  une loi ne s'applique bien que si elle est connue de tous. 

            Et que chacun à son niveau, citoyens ou institutions, développe «la culture palliative», en veillant à l'augmentation de l'offre des diverses formes de soins palliatifs, autant si ce n'est plus que celle du nombre de lits hospitaliers en soins palliatifs.

            La fin de vie mérite que lui soit consacré du temps, de l'attention, du respect ...et de l'argent!  

            Sur ce dernier aspect, il semblerait souhaitable de bien approfondir la réflexion, et d'aller jusqu'à mettre à plat dans le débat public la question du coût des soins en fin de vie, pour les malades et/ou leur famille et pour la société.

            Nous ne devons pas être indifférents à ces dépenses de la collectivité, car la poursuite de traitements inutiles a de fait un coût qui peut aller à l’encontre de soins à d’autres populations très démunies. Toutefois la notion d’économies ne doit pas être un prétexte à instituer «un droit à l'euthanasie»,  au risque de dérives vers «un droit  -voire un devoir?-  d'«euthanasier»!

            Quant aux directives anticipées et la désignation de personne de confiance,  ne pourrait-on envisager de fortement y inciter -ou d'y obliger?-  toute personne entrant en institution ou à l'hôpital à partir d'un certain âge ou pour une maladie ou un état particulièrement grave?

Des points d'attention et de vigilance

            Trop -ou même davantage- légiférer n'empêchera jamais l'existence de zones de non-droit!

            Une loi fournit un cadre mais ne dispense pas de choix difficiles au cas par cas:  elle ne peut pas fournir de solution automatique.

            Une loi trop détaillée n'est jamais souhaitable car des «règles automatiques» ne peuvent pas permettre dans les cas spécifiques -inévitables- une souplesse d'adaptation par les personnes concernées  ni éventuellement une interprétation en l'espèce par le Juge.

            Á l'encontre d'un médecin ou d'un proche qui pratique en son âme et conscience un geste létal sur un malade en fin de vie dont les souffrances ne peuvent être apaisées,  l'acharnement judiciaire «au nom de La Justice» n'est pas souhaitable (pas plus que l'acharnement thérapeutique «au nom de La Vie»),

            mais ...il pourrait être dangereux de faire de ces pratiques un «droit»...

 mise en ligne le 31 janvier 2015 par J. Derouault