mercredi 23 janvier 2013

A PROPOS DU MARIAGE (improprement appelé) POUR TOUS, (c.-à-d. en pratique, élargi aux personnes homosexuelles)


Mon Église est en souffrance et je souffre pour elle et avec elle.

Le combat emblématique contre le « mariage pour tous » est – on le sait – perdu d’avance. On jugera que ce n’était pas une raison pour ne pas le mener mais il ne servira qu’à ostraciser davantage les croyants dans le paysage médiatique. Et l’on verra plus tard que cette évolution sociétale, déjà acquise dans d’autres états d’Europe, ne va pas ébranler véritablement le mariage traditionnel.
D’ailleurs le P.A.C.S., vilipendé par la hiérarchie à l’époque de son adoption, est entré dans les mœurs. Des évêques demandent actuellement son aménagement pour une équivalence de fait avec le mariage. Un examen de conscience, sans langue de bois, leur permettrait d’avouer cette surprenante conversion ! Ils avaient cependant raison de prévoir  que son adoption n’était que le lancement du premier étage d’une fusée qui en comporterait quatre. La deuxième est le mariage, qui désormais est plus une revendication de reconnaissance   d’égalité entre homo- et hétéro-sexuels et serait une preuve concrète du recul de l’homophobie. Force  symbolique aussi du mot mariage et non union civile.
Le côtoiement d’homosexuels dans le travail et par nos liens sociaux, fait sauter bien des a priori et des peurs dus à la méconnaissance. Le mariage ne tentera majoritairement chez eux que ceux qui aspirent à une histoire stable, peut-être plus que d’autres !. An nom de quel interdit leur refuser cet engagement ?  Ce n’est pas une « Gay Pride » échevelée qui va envahir nos mairies…
Le troisième étage est le prétendu « droit à l’enfant » ( les hétérosexuels l’exercent « naturellement », même si certains s’en montrent indignes  !), le dernier étant la procréation médicalement assistée : autre sujet qu’il faudrait aborder spécifiquement et dont la licéité signerait une complète similitude avec les couples hétéros... La société doit  privilégier en premier, toujours, toujours, l’intérêt de l’enfant, non du couple. Je conçois la perplexité devant la parentalité homosexuelle, la notion de père et mère, de filiation, l’interrogation sur les origines… Chacun a une opinion mais les études psychologiques, psychanalytiques, menées sereinement,  objectivent-elles des troubles plus fréquents ou plus spécifiques dans le cas qui nous occupe ?  A-t-on une  réponse définitivement claire ? L’enjeu est grave dans le contexte de revendication actuel . Cela posé, l’adoption est déjà envisageable pour un célibataire, (vivant possiblement en couple homo), et une autorité parentale peut être déléguée à un autre adulte. Quant aux pratiques de tous ordres qui permettent aux homosexuel(le)s d’ « obtenir ou de se faire faire » un enfant, ce n’est pas une loi qui les empêchera !!!

Pour en revenir au mariage… A ce propos l’institution a mis plus de dix siècles après la mort du Christ pour en faire un sacrement, c’est dire si elle s’est donné le temps de la réflexion !... Donc pour en revenir à notre actualité et au mariage  civil, proprement dit, l’Eglise , qui redoutait de laisser battre le pavé aux seuls intégristes qui la représenteraient, a d’emblée voulu un débat de société, d’ordre anthropologique : approche intelligente et subtile qui lui fait cependant perdre la prétention de parler au nom d’une vérité révélée, irrecevable par beaucoup. La voici donc ramenée à être une voix à égalité parmi d’autres dans un relativisme général qu’elle abhorre ! Il est paradoxal de constater que ce débat, réclamé au dehors, n’a pu se tenir en son sein. D’autres confessions chrétiennes et des théologiens sérieux ne prennent-ils pas des positions différentes de la ligne officielle arrêtée par les évêques ? Les a-t-on entendus ? L’absence d’unanimité serait donc délétère . Qu’il faut de courage pour assumer le risque de passer pour la brebis galeuse…

L’Église a fait de la défense de la famille un  de ses chevaux de bataille, avec comme idéal la Sainte Famille, icône largement fabriquée au cours des derniers siècles. Ce modèle, qui a sa valeur, repose plus sur la Tradition que sur l’Écriture et est connoté  à la civilisation occidentale où s’est épanoui le christianisme.
Autant en matière socio-économique, le catholicisme affiche des positions «  molles », de centre gauche, généreuses mais peu contraignantes, autant en matière de mœurs, elle dicte des interdits stricts, qui la font cohabiter, malgré elle, avec une droite « dure ».

Au jour  où des chrétiens manifestent dans la rue, où l’Église est devenue, sans le vouloir vraiment, un porte-drapeau, auquel beaucoup d’autres voient l’occasion de s’agréger pour manifester contre le pouvoir en place , j’appelle- modestement - mon Église à la modestie… Que, une fois son échec digéré, elle se retourne sur elle-même, qu’elle réfléchisse enfin à la façon convenable d’accueillir tous ceux qui, quel que soit leur « genre », vivent leur sexualité hors mariage. Qu’elle se manifeste à eux comme le sacrement de l’Amour.

le 13-01-13
article rédigé par Dominique Normandin 
cosigné par Véronique de Poncheville, Christine Taussat et Jean-Michel Guillard 
mise en ligne effectuée par Jean Derouault

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