Mon Église est en souffrance et
je souffre pour elle et avec elle.
Le combat emblématique contre le
« mariage pour tous » est – on le sait – perdu d’avance. On jugera
que ce n’était pas une raison pour ne pas le mener mais il ne servira qu’à
ostraciser davantage les croyants dans le paysage médiatique. Et l’on verra
plus tard que cette évolution sociétale, déjà acquise dans d’autres états d’Europe,
ne va pas ébranler véritablement le mariage traditionnel.
D’ailleurs le P.A.C.S., vilipendé
par la hiérarchie à l’époque de son adoption, est entré dans les mœurs. Des
évêques demandent actuellement son aménagement pour une équivalence de fait
avec le mariage. Un examen de conscience, sans langue de bois, leur permettrait
d’avouer cette surprenante conversion ! Ils avaient cependant raison de
prévoir que son adoption n’était que le
lancement du premier étage d’une fusée qui en comporterait quatre. La deuxième
est le mariage, qui désormais est plus une revendication de reconnaissance d’égalité entre homo- et hétéro-sexuels et
serait une preuve concrète du recul de l’homophobie. Force symbolique aussi du mot mariage et non union
civile.
Le côtoiement d’homosexuels dans
le travail et par nos liens sociaux, fait sauter bien des a priori et des peurs
dus à la méconnaissance. Le mariage ne tentera majoritairement chez eux que
ceux qui aspirent à une histoire stable, peut-être plus que d’autres !. An
nom de quel interdit leur refuser cet engagement ? Ce n’est pas une « Gay Pride »
échevelée qui va envahir nos mairies…
Le troisième étage est le
prétendu « droit à l’enfant » ( les hétérosexuels l’exercent
« naturellement », même si certains s’en montrent indignes !),
le dernier étant la procréation médicalement assistée : autre sujet qu’il
faudrait aborder spécifiquement et dont la licéité signerait une complète
similitude avec les couples hétéros... La société doit privilégier en premier, toujours, toujours,
l’intérêt de l’enfant, non du couple. Je conçois la perplexité devant la
parentalité homosexuelle, la notion de père et mère, de filiation,
l’interrogation sur les origines… Chacun a une opinion mais les études
psychologiques, psychanalytiques, menées sereinement, objectivent-elles des troubles plus fréquents ou plus spécifiques
dans le cas qui nous occupe ?
A-t-on une réponse définitivement
claire ? L’enjeu est grave dans le contexte de revendication actuel .
Cela posé, l’adoption est déjà envisageable pour un célibataire, (vivant
possiblement en couple homo), et une autorité parentale peut être déléguée à un
autre adulte. Quant aux pratiques de tous ordres qui permettent aux
homosexuel(le)s d’ « obtenir ou de se faire faire » un enfant,
ce n’est pas une loi qui les empêchera !!!
Pour en revenir au mariage… A ce
propos l’institution a mis plus de dix siècles après la mort du Christ pour en
faire un sacrement, c’est dire si elle s’est donné le temps de la
réflexion !... Donc pour en revenir à notre actualité et au mariage civil, proprement dit, l’Eglise , qui
redoutait de laisser battre le pavé aux seuls intégristes qui la
représenteraient, a d’emblée voulu un débat de société, d’ordre
anthropologique : approche intelligente et subtile qui lui fait cependant
perdre la prétention de parler au nom d’une vérité révélée, irrecevable par
beaucoup. La voici donc ramenée à être une voix à égalité parmi d’autres dans
un relativisme général qu’elle abhorre ! Il est paradoxal de constater que
ce débat, réclamé au dehors, n’a pu se tenir en son sein. D’autres confessions
chrétiennes et des théologiens sérieux ne prennent-ils pas des positions
différentes de la ligne officielle arrêtée par les évêques ? Les a-t-on
entendus ? L’absence d’unanimité serait donc délétère . Qu’il faut de
courage pour assumer le risque de passer pour la brebis galeuse…
L’Église a fait de la défense de
la famille un de ses chevaux de
bataille, avec comme idéal la Sainte Famille, icône largement fabriquée au
cours des derniers siècles. Ce modèle, qui a sa valeur, repose plus sur la
Tradition que sur l’Écriture et est connoté
à la civilisation occidentale où s’est épanoui le christianisme.
Autant en matière
socio-économique, le catholicisme affiche des positions « molles »,
de centre gauche, généreuses mais peu contraignantes, autant en matière de
mœurs, elle dicte des interdits stricts, qui la font cohabiter, malgré elle,
avec une droite « dure ».
Au jour où des chrétiens manifestent dans la rue, où l’Église est
devenue, sans le vouloir vraiment, un porte-drapeau, auquel beaucoup d’autres
voient l’occasion de s’agréger pour manifester contre le pouvoir en place ,
j’appelle- modestement - mon Église à la modestie… Que, une fois son échec
digéré, elle se retourne sur elle-même, qu’elle réfléchisse enfin à la façon
convenable d’accueillir tous ceux qui, quel que soit leur « genre »,
vivent leur sexualité hors mariage. Qu’elle se manifeste à eux comme le
sacrement de l’Amour.
le 13-01-13
article rédigé par Dominique Normandin
cosigné par Véronique de Poncheville, Christine Taussat et Jean-Michel Guillard
mise en ligne effectuée par Jean Derouault
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