mardi 27 mars 2012

Echo des échanges du 8 mars 2012 Les femmes dans l'Eglise....


Les  femmes dans  l’Église,

et plus particulièrement dans sa gouvernance

Réflexions échangées 

le 8 mars 2012

au marché de Lerme puis au centre Beaulieu

entre les 44 + 63 participant-e-s aux rencontres

(dont 9 + 11  habitué-e-s de  « Dialogue et Liberté »)



Remarque préliminaire

Avec les images et les commentaires du diaporama, les participants  redisent :

« La résurrection a été signifiée d’abord à une femme.

La mère de Jésus est une femme.

Des femmes dans l’Évangile font des professions de foi tout aussi importantes que celle de Pierre. Les femmes sont présentes auprès de Jésus et l’Évangile en parle. »

Les femmes présentes, en après-midi comme en soirée, ont partagé un  moment de complicité  en se retrouvant dans les termes « ménage », « caritatif », « éducation », « pastorale » du diaporama !

Des constats

"Le groupe Seve ( groupe œcuménique qui comporte sur Bordeaux 10 équipes de 8 personnes ) a été fondé par une femme.

Il y a une femme au Conseil Épiscopal de l’évêque de Bordeaux et 190 femmes en responsabilité reconnue ; en fait beaucoup plus, car beaucoup de femmes n'ont pas de lettre de mission.

Il y a une évolution importante dans la place que les femmes ont prises dans la célébration des funérailles : elles y font le commentaire d’Evangile et engagent la Parole de  l’Eglise. Elles le font à leur manière, différente de celle des hommes  et des hommes/prêtres Elles engagent la parole de l’Église avec leur féminité. Il faudrait que les femmes ne soient pas missionnées seulement pour les obsèques !

Évolution au Grand Séminaire : il y a des professeures et intervenantes femmes
et des femmes viennent parler aux séminaristes de leurs rôles dans les paroisses.

Le diocèse est aussi l'affaire des femmes, mais « ils » sont réticents.

Anecdote : à l’hôpital quand des patients arrivent dans la salle d’opération, ils demandent « où est le médecin ? » pensant que les femmes présentes ne sont que des infirmières !

Ce qui se passe dans l’Eglise est le reflet  -aggravé- de ce qui se passe dans la vie quotidienne : les femmes étaient considérées comme des  mineures puis elles devaient élever leurs enfants et n'avaient pas le temps de faire autre chose.
Quand une femme veut que quelque chose se passe, elle y arrive.
Dans les responsabilités, si on est femme, il faut beaucoup plus de qualités.
Dans les assemblées, ce sont les hommes qui parlent les premiers et à qui on donne, de préférence, la parole.
Dans n'importe quel groupe social, il n'y a que la moitié des personnes qui gouverne ! dans l’Église, il n'y a que 20% d'hommes et ils gouvernent  !

Au Concile Vatican 2, des femmes ont été invitées... mais pas de droit de vote ! Au Sénat, à l’Assemblée Nationale ou à l’Elysée… il y a bien peu de femmes !

Toutes les décisions reviennent aux prêtres, donc à des hommes.
Les femmes font peur aux prêtres !
En voulant parler des femmes, on parle des laïcs !

Il y a confusion entre sacerdoce et tout ce qui est autorité, gouvernance, prise de décisions.

Dans d'autres Eglises chrétiennes, les textes  sont lus autrement que dans  l’Eglise romaine.
Il n'y a pas de femme diacre, pas de femme prêtre dans l’Église catholique, mais il y a des femmes pasteurs, il ya des femmes évêques dans des églises chrétiennes.
Seuls les clercs ont pouvoir de décision dans l’Église, donc les hommes seuls décident !

Le fait n’est pas, en soi, source de droit ! L’histoire montre les drames qui en découlent. Ce n’est pas parce que depuis des siècles on a refusé leur place aux femmes  que cela justifie qu’on continue la discrimination.
Aujourd’hui le mode de fonctionnement dans l’Eglise pose la question du sens de cette discrimination homme/femme ."


Des souffrances, des regrets

"Une anecdote relatée par une femme qui préside des obsèques : première remarque : « où est le prêtre ? » suivi de : «  et en plus c'est une femme ! »  Ca en dit long sur les mentalités !

Il y a eu régression depuis les tout premiers siècles. Aux tout premiers siècles les femmes chrétiennes, et c’était étonnant pour les autres religions, tenaient une place importante dans la communauté.

Il y a eu une évolution pendant les 30 dernières années, mais c'est trop long !

Il n'y aura pas de femme pour l'élection du futur Pape. Pourquoi des femmes de valeur, excellentes biblistes, moralistes, théologiennes… n’ont-elles pas leur mot à dire   par exemple dans l’élection du pape ? Pourquoi pas des femmes cardinales électrices du pape ? malgré la décision de Jean-Paul 2

Nos évêques parlent, disent ce qu'ils pensent, une fois qu'ils sont à la retraite !

Tous les combats ne réussissent pas ; dans l’Église, il peut y avoir des lieux où ça régresse.

Dans certaines paroisses, « on » refuse que les femmes distribuent la communion, pénètrent dans le chœur (sauf, probablement, pour faire le ménage !)

Certaines images « caricaturalement pieuses » données par des photos exposées dans le cloître du Grand Séminaire et par une émission de KTO  ne mettent pas en valeur la richesse de l’altérité Hommes-Femmes

La « lettre de mission » permet d'exister aux yeux des autres, mais il y a peu de soutien de l’Église institution ; des personnes se sentent abandonnées ; ceux « du haut » n'attendent rien du « bas » ; les prêtres se retrouvent pour des retraites et ceux envoyés en mission ?"


Les enjeux de la mixité dans l’Eglise

"La justice, ce n’est pas une option ni dans la cité ni dans l’Eglise. C’est la justice qui nous fait reconnaître la dignité de la femme et de l’homme.
Avoir deux poids deux mesures, c’est injuste pour les femmes et c’est indigne de l’Eglise. Nous refuserions de participer à des associations qui font une discrimination entre les noirs et les blancs … l’Eglise fait bien une discrimination similaire en interdisant aux femmes, parce qu’elles sont femmes, ce qu’elle réserve aux hommes.

Ne pas reconnaître aux femmes une égale dignité, et cela jusque dans la gouvernance, c’est une trahison de l’Evangile ! L’Eglise va-t-elle donner le signe que femmes et hommes sont reconnues avec une égale dignité ?

Pourquoi l’Eglise n’aurait-elle pas à respecter les lois de la cité, par exemple celles de la parité ?

Dieu n’est ni masculin ni féminin, il est « homme et femme »
Créateurs à l'image de Dieu, homme et femme sont co-responsables.
Il n'y a pas d'humanité s'il n'y a que des hommes ou que des femmes.
L'homme et la femme sont différents et les deux sont importants. C’est important de ne pas gommer ce qui est altérité pour ne pas tomber dans la confusion. Mais attention à ne pas se laisser piéger par la soi-disant complémentarité  homme/femme qui  conduit toujours à laisser aux femmes des tâches considérées comme subalternes par les hommes !

L’altérité homme/femme est essentielle : elle est à l’image de Dieu !  mais elle n’induit pas la manière de prendre des responsabilités dans la société !

Tant que la place de la femme n'aura pas avancé dans la société civile, ce sera difficile dans l’Église !
Le signe qu'on est vraiment libres doit être donné par l’Église : égalité entre hommes et femmes, entre les races...
Du fait de sa vocation prophétique, l’Eglise doit annoncer par la proclamation de la Parole  et par des actes  en cohérence avec ces textes :« il n'y a plus ni hommes ni femmes, ni esclaves ni hommes libres... »

C'est tout à fait différent d'un enjeu de pouvoir. Il faut dissocier sacerdoce et postes à responsabilités.

...et si c'était l’Église qui devait donner l'exemple ! Si elle devait rendre ce service à la société : inventer un mode d’être ensemble, différents et co-responsables
Pourquoi l’Église ne donnerait pas le « tempo » ?
L’Eglise a pour mission l’annonce de la Parole , si elle n’est pas crédible à cause de ce qu’elle donne à voir, sa parole n’est pas recevable !

Jésus est le prophète du Royaume où tous sont  libres, où tous sont également reconnus, où tous ont une même dignité.
Dans l’entourage de Jésus ; il y avait des femmes et des hommes

Ne pas confondre le symbolisme et le réalisme en interprétant « in personna Christi ». Ce n’est pas parce que l’on célèbre les sacrements au nom du Christ , que seuls des mâles peuvent le faire ! C’est comme si la tendresse de Dieu ne pouvait pas s’exprimer par des femmes parce que le Christ qui a manifesté cette tendresse à l’humanité était un mâle !

Des femmes ont des responsabilités dans l’Église, mais dans l’Église locale,  pas à la tête, pas à Rome !

Mais l’Eglise c’est nous !......"


Des initiatives à prendre, des attitudes à transformer

"Comment vont faire les femmes  dans l’Église de Gironde pour prendre leur place jusque dans la gouvernance ?

Agir, protester contre l’exclusion des femmes, même quand cela paraît sans importance. Bagarrer quand des avancées sont refusées

Les femmes  peuvent accepter les responsabilités, prendre toute leur place dans tous les domaines. Il est important que les femmes ne se cantonnent pas elles-mêmes dans des rôles subalternes !
Les femmes ont le courage de prendre la parole, de faire le premier pas  et de ne pas laisser les hommes prendre tous les pouvoirs. Elles ont besoin d’aller plus loin en ce sens, d’acquérir des compétences et de se faire confiance.

Ne jamais oublier la priorité de la mission
Les femmes doivent se rappeler, comme les hommes laïcs, que tous les laïcs ont une ardente obligation de parler !

Pour tenir sa place, s’exprimer, prendre la parole même devant des hommes clercs qui, eux, se sont formés, il faut se former, construire sa pensée. Se forger des convictions cela suppose de réfléchir à plusieurs, de partager une réflexion  fondée sur la rationalité et éclairée par la lecture de la Parole.

Les laïcs et notamment les femmes, peuvent s'entraider pour avoir la force de prendre la parole, pour élaborer leur pensée et pouvoir l’exprimer publiquement

Pour faire avancer la place de la femme dans l’Eglise, il faut faire avancer la place de la femme dans la société. Et c’est bien dans la mission de l’Eglise  que d’humaniser notre monde !

Il nous faut travailler sur les représentations qui courent et souvent reproduisent des schémas du 19 ° s ! Souvent nous-mêmes nous les véhiculons ces schémas discriminants et non évangéliques.

Veiller à ce que des hommes et des femmes fassent les lectures et distribuent la communion
Agir pour une égale dignité des femmes et des hommes, par ex quand une femme assure le commentaire d’Evangile elle accède à la même dignité
Obtenir que des femmes (et aussi des laïcs hommes) fassent des homélies pendant les célébrations
Veiller à ce que les paroisses invitent des petites filles à être enfants de chœur. Refuser l’exclusion des femmes du chœur de l’Eglise ! Faire la grève des balais et des fleurs !

Comment les femmes en responsabilité  interpellent-elles les responsables : doyens, évêques… pour que les femmes prennent davantage leurs responsabilités de baptisées ?

Dissocier, chaque fois que c’est possible, le ministère presbytéral lié à l’ordination, de la responsabilité  institutionnelle.

Il y a un verrou théologique ( ?) à travailler : pas de possibilité de responsabilité si pas de sacerdoce ; un prêtre ne peut pas obéir à un laïc !

Il faudrait former les séminaristes et leur permettre de comprendre sans effroi les responsabilités que les femmes se doivent de prendre  comme baptisées

Accepter des échecs et ne pas s’offusquer d’être parfois moquée ou rejetée.

Refuser les régressions
Quand les pratiques des clercs vont  vers la régression, il faut  rester en lien avec les communautés qui vont  vers plus de responsabilité partagée, pour garder vive l’espérance. Et puis quand on a tout essayé  pour faire changer sa paroisse, on va vers une autre paroisse ; si les quêtes baissent trop, le curé finira par se poser des questions !

Il est important de ne pas perdre espoir, de se serrer les coudes quand on est dans des paroisses où tout régresse.

Et  ... ne pas se laisser piéger par la revendication du pouvoir !"




Ces notes n'ont pas prétention à l'exhaustivité !
elles n’ont d’autre prétention que de donner un écho
d’échanges nombreux,  réfléchis, critiques et constructifs…


Merci à celles et à ceux qui ont accepté de prendre la parole
ce 8 mars 2012,
au risque que leur parole ne soit pas fidèlement retransmise.

















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